François et Liliane avaient des invités, ils les présentaient
comme leurs cousin et cousine.
Plus le temps passait plus les liens se resserrèrent.
D'excellents amis ils devinrent comme les membres d'une
même famille, avec ses joies et ses peines partagées. Et si
François et Liliane finirent par tutoyer Maurice et Amélie, ces
derniers n'osèrent jamais, était-ce par respect ?
Donc, la vie s'écoulait, pas toujours paisiblement, au manoir.
Il y eut, comme pour tout le monde, des grands moments de
tristesse : pertes des grands-parents, des parents, de parents
plus ou moins proches et d'amis. Mais aussi d'autres événe-
ments heureux.
François et Liliane fréquentèrent, à petite dose, le grand
monde, qui pour François n'offrait que l'intérêt de côtoyer et
ainsi observer cette faune dont il tirait les personnages et les
sujets de ses écrits. Ils préféraient la compagnie de gens plus
simples, mais au combien plus sympathiques, comme leurs
chers Maurice et Amélie. François accepta de participer à des
émissions de radio et de télévision, et comme il n'abandonnait
pas son humour mordant, et très souvent corrosif, lors de ces
entretiens autant plaisait-il aux auditeurs et aux téléspectateurs,
qu'il déplaisait à la majorité des gens de la haute société. En
réalité, il donnait plus d'importance à sa vie familiale, à son
travail d'écrivain, au bricolage et au jardinage. Il évitait, dans la
mesure du possible, de se retrouver, un gâteau sec dans une
main, un verre de champagne dans l'autre, dans ces cocktails,
entre un ministre, un avocat, un économiste et une comédienne
à la mode, où l'on s’ennuie comme un rat mort (il aimait cette
expression qui, disait-il, résumait parfaitement la situation). La
solution qu'il avait trouvée, pour ne pas être invité à ces
réceptions, était de formuler quelques réflexions, fort polies,
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